La meilleure façon de le faire, c'est de reformuler, c'est-à-dire de répéter, avec des mots à soi, ce que l'autre a dit de manière à lui révéler ce que l'on a compris. En reformulant ce que l'autre a dit, on lui permet de prendre conscience de sa parole, car beaucoup de personnes ne sont pas suffisamment attentives à leur propre discours et à son impact sur les autres. On lui donne l’occasion de corriger ou de compléter ses propos de manière à se faire mieux comprendre et on renforce ainsi la communication.
Lorsque deux personnes ou deux groupes de personnes échangent des propos sans vraiment dialoguer, chaque partie est seulement attentive à son propre discours et ignore celui de l’autre. L'addition de deux monologues ne peut conduire qu’au conflit.
Sans dialogue, aucune coopération n'est possible. Comment coopérer avec quelqu'un qui n'écoute pas ?
Cette remarque peut s'appliquer à tous les secteurs de la vie sociale. Par exemple au dialogue social. Je viens de lire l'interview d' Eric Lombard, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations, dans Le Monde. Les grandes entreprises françaises enregistrent cette année des résultats historiques qui se traduisent par des dividendes records données aux actionnaires et des augmentations de salaires infimes accordées aux salariés.
Eric Lombard déclare : "Dans une entreprise, que 15 % des bénéfices aillent au capital alors que les salaires n’augmentent que de 1,5 %, ça ne va pas. Il y a un décalage complet entre l’enrichissement de ceux qui ont un patrimoine et le niveau de vie de ceux qui ont des revenus modestes."
Les actionnaires qui exigent un tel partage des bénéfices envoient aux salariés un message de mépris : "on vous accorde des miettes, c'est assez bon pour vous !" Le font-ils pour placer leur argent dans des investissements à long terme ? Non, nous dit Eric Lombard, les entreprises impliquées envoient le message : “Je n’ai pas de projet économique, je rends l’argent aux actionnaires, et qu’ils se débrouillent.” Pour Eric Lombard, c'est un dérèglement du capitalisme : il n’y a pas assez de projets, alors même qu’il faut engager la transformation de l’économie en raison du climat.
Ce raisonnement à court terme ne prend pas non plus en compte le développement même de l’entreprise car comment motiver sur un projet commun des salariés qui se sentent méprisés et exploités.
Il faut sans tarder définir les règles d’un capitalisme plus responsable, conclut Eric Lombard, l’Etat doit établir les bases d’un dialogue social plus juste et plus équilibré.
Espérons que la campagne présidentielle permette d’ouvrir le débat sur cette question de fond. L’injustice sociale est la cause profonde de la montée de l‘extrême-droite.